QUELS MODÈLES D’EXPLOITATION INDÉPENDANTE POUR LA MÉTROPOLE DE DEMAIN ?

Organisée par Cinémas 93 en partenariat avec Écrans VO (association des cinémas indépendants du Val-d’Oise) et le SCARE (Syndicat des Cinémas d’Art, de Répertoire et d’Essai)

Rencontre animée par Antoine Leclerc, délégué général du Festival Cinéma d’Alès - Itinérances et de l’association Carrefour des festivals.
avec Franck Lombard-Platet, directeur du développement et de l’exploitation chez Étoile CinémasAntoine Mesnier, directeur général du cabinet d’études Vuillaume CinéConseil, Sonia Pignot, maire adjointe déléguée à la culture, au patrimoine et à la mémoire de la Ville de Saint-Denis et Boris Spire, directeur de L’Écran à Saint-Denis (93)


> Le cinéma : une valeur sûre pour les élus, les promoteurs et les financeurs
> Le projet d’extension de L’Ecran, cinéma associatif art et essai de centre-ville à Saint-Denis
> Le projet d’un cinema porté par Etoile Cinémas, en partenariat avec L’Ecran, dans le nouveau quartier Pleyel, au sud de Saint-Denis
> Question du public


Quelle espérance de vie pour les cinémas mono, 2 et 3 écrans souvent déficitaires et dont l’activité dépend de financements publics qui se raréfient ? Dans les zones encore « sous-équipées » convoitées par les circuits, est-il possible d’imaginer un autre modèle d’exploitation, type miniplexe art et essai, qui permette de limiter la dépense publique ?

De grands chantiers d’aménagement urbain vont bouleverser les paysages de la périphérie : reconquête et rénovation des centres-villes, appels à projets métropolitains (les 56 sites d’ « Inventons la Métropole du Grand Paris », les gares du Grand Paris Express …) : quelle place pour le cinéma indépendant dans ces projets d’aménageurs ? De nouveaux modèles culturels et économiques peuvent-ils être inventés ?

En ouverture de la table ronde, Antoine Leclerc constate que la présence du cinéma est importante dans certains projets du Grand Paris. Dans certains cas, les grands gestes architecturaux autour du cinéma ne sont-ils pas les cache-sexes d’une certaine paresse urbanistique et d’une forme d’uniformisation en termes de programmation ? Et comment, dans une telle conversion, fait-on pour affirmer des missions culturelles fortes ?

 

Le cinéma : une valeur sûre pour les élus, les promoteurs et les financeurs

Selon Antoine Mesnier, s’il y a autant de projets de construction de cinéma, c’est d’abord parce que c’est un secteur qui se porte bien. Du point de vue des élus, des promoteurs ou même des citoyens, la fréquentation est importante et le nombre de films élevé. Dans les années 80, moins de 50% des Français allaient au cinéma et, aujourd’hui, ils sont plus de 66%. Quels sont les « drivers » de ces nouveaux projets ? D’abord les acteurs qui ont les moyens et veulent se développer, les collectivités qui ont une volonté et souhaitent voir évoluer leurs équipements ou en créer. Chaque commune veut « son » cinéma, certaines en viennent à se jalouser entre elles.

Depuis 1945, on assiste à une explosion urbaine, avec le phénomène de la voiture. Un des drames urbains a été la spécialisation : on a construit des quartiers de logements séparés des quartiers de commerce (avec des centres commerciaux immenses comme Vélizy 2). Ces zones sont performantes en termes économiques, mais produisent une vraie brutalité urbaine, une unicité. Les promoteurs étaient alors spécialisés. Désormais on leur impose d’entremêler les fonctions, de faire des commerces en pied d’immeuble, de construire des écoles, des hôtels, etc. Ce qui constitue une vraie contrainte pour eux.

Dans ce contexte, les promoteurs de centres commerciaux et des nouveaux quartiers ont les mêmes mots à la bouche : les loisirs, la culture. Concrètement, c’est ce qui fonctionne le mieux en termes de flux : c’est un secteur fiable et performant, qui offre une garantie de professionnalisme et entre en synergie avec l’activité des bars et restaurants. De plus, c’est un secteur qui ne pose pas de problèmes de sécurité. Et cela fonctionne sur la durée. Tous ces éléments font que c’est très rassurant pour les financeurs.

Antoine Leclerc remarque que le choix du cinéma se fait donc par défaut. Mais quel impact ont ces nouveaux projets sur les salles existantes ? Quels liens, quelle complémentarité ? A Saint-Denis, un projet d’extension du cinéma associatif L’Ecran, situé en centre-ville, est en actuellement en cours.

 

Le projet d’extension de L’Ecran, cinéma associatif art et essai de centre-ville à Saint-Denis

Sonia Pignot rappelle que Saint-Denis a d’abord disposé d’une salle mono-écran au sein du Théâtre Gérard Philipe. Le cinéma a été relocalisé en centre-ville et il est aujourd’hui géré par une association subventionnée. L’Ecran accueille 80 000 spectateurs chaque année : il existe une réelle complicité entre le public et la salle qui présente plus de 400 films par an.

Boris Spire explique que le projet d’extension de L’Ecran est né il y a une dizaine d’années. Il a fallu ce temps pour que le projet mûrisse. Le point de départ de la réflexion est né du constat qu’il manquait un lieu d’accueil au cinéma, avec un bar, un espace convivial, dont les spectateurs sont friands. Au terme d’échanges avec plusieurs architectes, il s’est avéré qu’il était possible de gagner des espaces en occupant une partie de la place située devant le cinéma et en construisant une salle supplémentaire sur une terrasse située au-dessus de la salle 2. Cet agrandissement de deux à quatre salles s’inscrit dans un projet de renouvellement du centre-ville aujourd’hui très dégradé.

Sonia Pignot confirme que le projet était resté dans les cartons un certain temps. Les villes sont de plus en plus soumises à des injonctions budgétaires : faut-il dès lors réduire les subventions allouées au cinéma ? C’est finalement le pari inverse que Saint-Denis a fait, en portant l’idée que le cinéma doit participer à une dynamique économique pour le centre-ville : « et si le cinéma pouvait être moteur d’un développement urbain ? »

Aux yeux de Sonia Pignot, il était effectivement essentiel que la rénovation et l’extension du cinéma soient inscrites dans le programme de rénovation urbaine, alors que ce n’était pas prévu au départ. L’objectif est de rouvrir le centre-ville à la population et d’en profiter pour y installer un équipement culturel, le cinéma, qui soit aussi un tiers-lieu où se pratique un accueil inconditionnel.

La question est maintenant de savoir comment s’inscrire dans la métropole, en lien avec les autres lieux et équipements culturels qu’on va accueillir sur le territoire : le 6B, La Piscine, des espaces à la Plaine Saint-Denis. Saint-Denis est une ville de 120 000 habitants et les équipements sont très concentrés en centre-ville. Il est parfois plus facile d’aller à Paris et la concurrence d’offres est très importante.

Antoine Leclerc précise que la ville de Saint-Denis est très étendue : quand on habite la pointe sud, il est plus rapide de se rendre à Paris pour aller au cinéma qu’en centre-ville. Or la ville de Saint-Denis va accueillir un second projet de cinéma. En effet, dans le nouveau quartier qui doit voir le jour autour de la Gare Pleyel, hub des futures lignes du Grand Paris Express, la culture ne sera pas absente. Notamment avec un projet de cinéma porté par Etoile Cinémas et, dès le départ, l’idée que L’Ecran y sera associé.

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L’Ecran de Saint-Denis

 

Le projet d’un cinema porté par Etoile Cinémas, en partenariat avec L’Ecran, dans le nouveau quartier Pleyel, au sud de Saint-Denis

Franck Lombard-Platet tient d’abord à souligner qu’Etoile Cinémas a toujours défendu le cinéma art et essai. Le groupe possède plusieurs salles classées à Paris (Le Balzac, le Saint-Germain) où il est membre des CIP qui est un réseau de salles indépendantes, mais également dans les centres-villes d’autres communes (Le Cosmos à Chelles, L’Etoile Palace à Vichy…). Les politiques et les promoteurs ont fait ce constat que le cinéma était une locomotive et un moyen de lutter contre la désertification de ces centres-villes.

L’Etoile Lilas a constitué la première brèche dans le périphérique parisien. L’objectif était de s’adresser aux habitants des Lilas, de Bagnolet, du Pré-Saint-Gervais et des 19e et 20e arrondissements de Paris.  Un premier pas vers le Grand Paris.

Le groupe a ensuite été sollicité par des promoteurs pour animer des projets. S’agissant de Saint-Denis, Etoile Cinémas a fait le constat que le territoire est très étendu avec une grande qualité des équipements déjà présents (salle de cinéma L’Ecran, réseau Cinémas 93…). Il s’agit donc de tenter d’apporter une réponse vertueuse à travers la création d’un maillage des salles où celles qu’Etoile Cinémas créera seraient davantage une extension de l’existant qu’une mise en concurrence.

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L’Etoile cinémas

 

Boris Spire indique que le lieu sera constitué de deux salles réparties autour d’un hall commun : une salle de spectacle vivant de 350 places avec une programmation musicale confiée au Glazart, et une salle de cinéma de 250 places programmée par L’Ecran, ouverte sept jours sur sept, proposant quatre séances par jour. Il est prévu que la grande salle de spectacles puisse être utilisée de temps en temps pour le cinéma (en journée notamment) et inversement. Etoile Cinémas prendra en charge le personnel et le coût de fonctionnement à l’année.

Franck Lombard-Platet reconnaît que, dans un premier temps, Boris Spire n’a pas accueilli Etoile Cinémas avec beaucoup de bienveillance. Mais ils ont réfléchi ensemble à une offre cohérente et diversifiée, avec deux programmations complémentaires et variées en fonction des deux implantations, qui constitueront une offre qui corresponde à tous les publics : c’est bien de faire du cinéma art et essai très pointu, mais c’est encore plus difficile d’amener tout le monde dans les salles.

Boris Spire suppose que la présence de Franck Lombard-Platet autour de la table a de quoi surprendre. Pour lui, ce projet est éminemment expérimental, sans équivalent en France, et personne ne doit être naïf sur les enjeux d’un tel partenariat. Mais il y a là une carte à jouer intéressante. L’objectif est d’inventer quelque chose de nouveau entre le public et le privé.

D’abord, Saint-Denis est un territoire très étendu. Le centre-ville n’est évidemment pas le seul endroit où les habitants ont envie de sortir. Cette proposition faite par le promoteur à Etoile Cinéma qui s’est adressé ensuite à L’Ecran porte sur des problématiques essentielles : la relation de proximité avec les lieux et le fait de s’adresser au plus grand nombre pour réduire les inégalités géographiques.

Ensuite, on assiste à une désertion des deniers publics pour ce qui touche aux enjeux culturels. En mettant en œuvre un partenariat public-privé, il y a quelque chose à inventer à cet endroit à aussi.

© Les Lumières Pleyel / Sogelym Dixence - Snøhetta - Baumschlager Eberle Architekten - Chaix & Morel et Associés - Ateliers 2/3/4/ - Mars architectes - Maud Caubet Architectes - Moreau Kusunoki

Sonia Pignot souligne que le cinéma une fonction d’éducation populaire et que le cinéma populaire n’existe pas seulement dans les multiplexes. Elle échange beaucoup avec Boris Spire sur ce point et ils sont tous deux convaincus que certains films de niche peuvent avoir un public populaire.

Les aménagements qui vont toucher la ville représenteront un énorme chantier : on redessine une nouvelle ville. Au départ, Saint-Denis n’était pas associée aux enjeux culturels de la métropole. Or les projets de la métropole ne doivent pas se faire au détriment des Dionysiens. La ville de Saint-Denis s’est donc invitée dans le dialogue : le projet de création d’un cinéma ne pouvait pas se faire sans elle.

Franck Lombard-Platet indique que, pendant la phase de concours, le rapport de forces avec le promoteur était en leur faveur et qu’ils ont pu dicter leurs conditions : la qualité de l’offre culturelle était un réel argument. Le nouvel équipement n’a donc pas été pensé comme un multiplexe, mais comme un lieu de distraction pour les habitants qui fera vivre le quartier et qui respecte l’existant. Dans ce cadre, L’Ecran aura pour fonction de programmer la salle : ils connaissent la population et sont en lien avec les associations. Le financement de l’équipement sera pris en charge en majeure partie par le promoteur.

Une délocalisation de billetterie devrait être mise en place. La structure sera une SCIC (société collective d’intérêt collectif) qui permet à la fois d’avoir des partenaires privés et publics. La répartition des droits de vote ne sera pas fonction des détentions de participations (ainsi le promoteur immobilier n’aura pas plus de poids dans les votes) : c’est la garantie dans la durée que chacun ait une voix qui aura le même poids.

Pour arriver à un équilibre économique, il est prévu de louer les espaces en matinée (le promoteur a volontairement sous-dimensionné les salles de réunion des bureaux du bâtiment). Un pourcentage des recettes HT sera reversé au cinéma L’Ecran. Une partie des charges facturées à ceux qui loueront les salles sera réservée au fonctionnement du lieu.

 

QUESTIONS DU PUBLIC

Jean-Jacques Rue – Cinéma Utopia considère que ce projet ouvre la boîte de Pandore. D’un point de vue symbolique, il trouve inquiétant que des professionnels comme ceux de l’Ecran, l’une des meilleures salles art et essai, qui vient de l’éducation populaire, délèguent une partie de leurs missions à un opérateur privé : « on connaît la dérive ultralibérale des partenariats public-privé ».

Boris Spire répond que le secteur de Pleyel ne concerne pas la même population que celle qui se rend actuellement à L’Ecran et que ce dernier sera, dans le même temps, agrandi : « à quel endroit perdrions-nous notre âme ? »

Franck Lombard-Platet fait remarquer que l’Ecran ne délègue pas une compétence. Il ajoute que l’idée est de créer de nouvelles habitudes de consommation. Enfin, il indique que tous les établissements d’Etoile Cinémas sont classés art et essai et qu’il existe une réelle politique jeune public à l’Etoile Lilas.

Franck Sescousse – directeur du Cin’Hoche à Bagnolet ne veut pas laisser dire qu’Etoile Lilas porte uniquement des projets de cinéma art et essai : l’actionnaire a demandé une réorientation de la programmation d’Etoile Lilas car celle-ci ne marchait pas. De plus, quand le groupe a ouvert ce cinéma, il a nié l’existence des salles de banlieue et l’implantation de ce nouvel établissement a privé ces salles d’une partie de leur public. Quant au travail sur le jeune public, L’Etoile Lilas n’a pas de médiateur et ne mène pas d’action d’éducation populaire.

Yves Bouveret – Ecrans V.O observe qu’Etoile Cinémas présente deux faces distinctes. D’un côté, un projet de cinéma à Saint-Denis Pleyel qui semble vertueux, avec une élue de choc. De l’autre, des projets de multiplexes commerciaux (avec 9 ou 10, voire 12 salles) situés en grande couronne, même si les luttes menées auprès de la CNAC ont tendance à faire réduire la taille des projets autorisés. Dans ce dernier cas, les engagements de programmation conclus en CNAC n’ont qu’une durée limitée de trois ans : il faut penser à de nouveaux outils.

Yves Bouveret évoque également la situation observée à Bezons, où un nouvel opérateur souhaite s’implanter avec cinq salles : la ville se demande si elle ne va pas fermer les deux salles de cinéma existantes car on lui a expliqué que le nouvel établissement de cinq salles serait suffisant.

Antoine Mesnier rappelle que, dans les années 80, des cinémas ont été sauvés par des mairies. Mais, depuis vingt ans, des réinvestissements sont à l’œuvre, souvent issus d’initiatives privées. Cela pose la question de la coexistence d’une salle municipale et de ces nouveaux établissements privés.

D’abord en termes d’offre cinématographique : quel sens donner à chaque équipement, quelle complémentarité ? On est aujourd’hui face à des situations qui n’existaient pas avant et qui nous ramènent aux films.

Antoine Leclerc relève que, contrairement à Saint-Denis (où est réaffirmé le rôle du cinéma existant), c’est la question de la substitution qui est ailleurs posée, avec l’effet booster que représente le Grand Paris. On constate que le plus souvent il n’y a pas de concertation. Doit-on faire du passé table rase ?

Selon Antoine Soulier-Thomazeau, les villes bougent, les sociologies évoluent. Si des promoteurs, des circuits s’intéressent à ces villes, cela n’est pas un mauvais signe. Ayant travaillé sur le projet de nouveau Méliès à Montreuil, Antoine Soulier-Thomazeau précise que les cinémas publics ont également en ligne de mire la conquête de nouveaux publics.

Arlène Groffe – programmatrice au Ciné 104 à Pantin demande si le projet d’un nouvel établissement Etoile Cinémas à La Courneuve, sur la friche Babcock, a été pensé sur le même modèle qu’à Saint-Denis ? Quels seront ses liens avec L’Etoile, le cinéma municipal existant ?

© La Courneuve Babcock, La Fabrique des Cultures / Compagnie de Phalsbourg - Dominique Perrault Architecture - Encore Heureux - Après la pluie   

Franck Lombard-Platet ne le sait pas encore. Etoile cinémas ne peut pas intervenir dans un débat où il n’est que prestataire : c’est à la Mairie de la Courneuve de consulter les équipes de son cinéma l’Etoile et d’imposer ses choix au promoteur.

Sonia Pignot précise qu’à Saint-Denis, Etoile Cinémas n’a pas été accueilli à bras ouverts. La ville s’est imposée et a dit que les choses ne se feraient pas sans elle. C’est la même démarche qui devrait être menée à La Courneuve. C’est le rôle des élus que de l’affirmer.

Antoine Leclerc constate qu’en effet, le rôle des élus et leur réactivité sont fondamentaux. L’un des enjeux est de préserver une diversité cinématographique, un multiplexe diffusant en moyenne 200 films par an, alors qu’un cinéma comme le Sélect ou Utopia en diffuse plus de 350.

Fabienne Hanclot – ACID se demande quel sera le modèle économique du cinéma de Pleyel. Si le cinéma est un produit d’appel, cela passe par la programmation. Or il ne s’agira pas ici d’une politique culturelle financée par la collectivité. Se pose donc la question des films qui seront programmés.

Franck Lombard-Platet lui répond que la salle sera bien un produit d’appel, mais qu’à l’opposé du modèle des multiplexes, la programmation sera très exigeante, sur le modèle du 104, rue d’Aubervilliers : pourquoi une programmation de qualité ne remplirait-elle pas la salle ?

Une représentante de l’association de défense du cinéma indépendant à Argenteuil indique que, dans cette ville, un multiplexe Etoile Cinémas de 9 salles se construit à 200 mètres du cinéma municipal, le Figuier blanc, alors que ce dernier était sous-utilisé faute de moyens financiers et, ouvert depuis 2009, a représenté un investissement public de 17 millions d’euros.

Franck Lombard-Platet fait remarquer qu’avec seulement deux écrans, on ne peut pas sortir tous les films : la diversité passe aussi par l’augmentation du nombre d’écrans et, de ce point de vue, Argenteuil était sous-équipé (2,5 écrans pour 110 000 habitants). Il souligne également le fait que Le Figuier blanc est financé par de l’argent public, mais que 60% de la population n’y va pas car la programmation ne lui correspond pas : « les jeunes de la dalle ont l’impression d’aller dans un musée d’art contemporain. »

José Agusti - président d’Ecrans VO intervient pour rappeler l’histoire récente des cinémas de la périphérie parisienne à travers le cas d’Argenteuil. Lorsque, en 1984, UGC est passé de 600 à 500 000 entrées, Alain Condroyer est allé voir le maire de la commune en lui disant : « moi, je ne peux plus travailler, je ferme les salles. Si vous voulez, vous les reprenez. » C’est ce qui s’est passé à Argenteuil, et plus largement en banlieue avec la reprise de cinémas privés par les municipalités. Aujourd’hui, ces mêmes groupes, ou de nouveaux, reviennent avec des projets de multiplexes, en promettant monts et merveilles.  Mais, dans quelques années, si cela ne marche pas, ils n’auront pas de scrupules et s’en iront à nouveau. Or il y a beaucoup de personnes qui font un travail magnifique dans ces cinémas publics, et maintenant que le travail magnifique est fait, évidemment, cela suscite les convoitises.

 Antoine Leclerc clôt les échanges très animés et passionnants.

 


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