ÉTAT DES LIEUX DE LA DIFFUSION EN SALLE DES FILMS DE PATRIMOINE EN FRANCE

Journée co-organisée avec les Groupement National des Cinémas de Recherche (GNCR)


> Introduction
> État des lieux de la diffusion en salle des films de patrimoine en France


INTRODUCTION

Annie Thomas, présidente de Cinémas 93, rappelle que le cinéma de patrimoine est une cinématographie qui nécessite un travail d’accompagnement particulier. Les salles du réseau en programment régulièrement, soit à travers l’organisation de festivals, soit dans le cadre de programmations spécifiques. Cette matinée vise à répondre à certaines de leurs interrogations.

Boris Spire, président du GNCR, intervient à son tour pour poser les enjeux de réflexion de la journée : quel programmateur ne s’est jamais demandé comment retrouver les droits d’un film ? Que faire quand un film est tombé dans le domaine public ? Il est en effet parfois extrêmement complexe de remonter la chaîne des ayants-droits d’un film et, si Cinedi, la plateforme du CNC, existe bel et bien, elle n’est pas exhaustive.

Que faire quand un film est disponible sur Internet ? Peut-on le montrer en salle ? Internet permet-il une nouvelle cinéphilie ? Ceux qui piratent se déplacent-ils en salle ?

 

 

ÉTAT DES LIEUX DE LA DIFFUSION EN SALLE DES FILMS DE PATRIMOINE EN FRANCE

Par Rodolphe Lerambert, responsable du département patrimoine de l’ADRC (Agence pour le Développement Régional du Cinéma).

Cet état des lieux a été réalisé à partir des données de l’ADRC.

Ce que l’on appelle le « répertoire » s’est constitué sous l’effet des critiques de cinéma, des festivals et d’autres prescripteurs, comme Louis Delluc déjà, dans les années vingt, qui avait tenté d’aller à l’encontre d’une certaine homogénéité de la programmation feuilletonesque. En 1924, Jean Tedesco a créé un « Répertoire du film » destiné à recenser tous les classiques du cinéma. Il a programmé un certain nombre de ces films dans la salle du Vieux Colombier qu’il dirigeait. Plus tard, dans les années cinquante, on a assisté à la naissance du mouvement « art et essai ». Dans les années quatre-vingt-dix, le « plan nitrate » a été mis en place par le CNC sous la houlette de Michelle Aubert. Dans le même temps, les ayants-droits ont pris conscience de la valeur commerciale de leurs catalogues. La vente de DVD a alors explosé, de même que l’audience des chaînes thématiques. Enfin, les salles sont aujourd’hui équipées en numérique et on assiste depuis quelques années à l’émergence d’une culture de l’écran.

Dans ce contexte, le cinéma de patrimoine est devenu un secteur très dynamique. Il existe un véritable marché, même si cela reste un marché de niche. On est passé d’une situation de rareté à une situation d’abondance avec un accès personnel direct aux films et des pratiques inédites de visionnement.

Le secteur de la réédition en salles n’est pas en reste : 125 films ont été réédités en 2004, 140 en 2015. Ces chiffres doivent néanmoins être pondérés par la qualité plus ou moins bonne du travail effectué.

Depuis les années quatre-vingt-dix, de nouveaux distributeurs sont apparus sur ce marché qui offre une grande diversité de films. La notion de répertoire a en effet évolué avec une attention portée aujourd’hui aux films des années soixante-dix, quatre-vingt et quatre-vingt-dix, avec à la clef un renouvellement possible du public.

Aujourd’hui, les distributeurs se mettent en réseau avec l’ADFP (Association des distributeurs de films du patrimoine) qui offre un gage de qualité et organise le festival Play it again. L’association met également du matériel à disposition : des affiches, des bandes annonces et des compléments de programmes. En 2010, on comptait 483 salles membres de l’ADRC Répertoire, elles sont aujourd’hui plus de 600.

Le patrimoine renforce l’identité des salles art et essai, lesquelles sont à la recherche de nouvelles formes d’accompagnement et de valorisation des films. Mais l’équilibre est fragile : le seuil de rentabilité en salle est difficile à atteindre. Le problème est le même pour les distributeurs qui ne détiennent pas les droits annexes : ils ne pourraient pas survivre sans les aides du CNC.

L’explosion de l’offre de films de patrimoine ne va pas sans poser un certain nombre de problèmes : l’augmentation du nombre de films n’implique pas nécessairement une augmentation du nombre d’entrées. De plus, le terrain est également occupé par les circuits qui programment eux aussi ces films de patrimoine.

Les salles sont en attente d’un nouveau cadre d’accompagnement. Le nombre d’interventions proposées par l’ADRC auprès des salles a très fortement augmenté avec l’arrivée du numérique. Ces interventions concernent à 90% des salles de petites et moyennes villes qui étaient auparavant très peu prises en compte par les distributeurs.

   Regardez la vidéo de l’intervention de Rodolphe Lerambert (jusqu'à 5min30)

 

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ADRC


LIRE LA SUITE DE LA RESTITUTION DU VENDREDI 18 NOVEMBRE :

LA DIFFUSION DE FILMS DE PATRIMOINE EN SALLE À L’HEURE D’INTERNET