JPRO2023 / Matinée 9 mars - Présentation

  • Matinée du 9 mars - Mille formes d'éveil et d'art pour les tout-petits

Mille formes, centre d’initiation à l’art pour les 0-6 ans

Sarah Mattera a été responsable du pôle prospective et nouveaux concepts au Centre Georges Pompidou. Elle est directrice de mille formes depuis 2019.

Bertrand Rouchit est coordinateur jeunes publics au sein du collectif Sauve qui peut le court-métrage, association organisatrice du festival international du court métrage de Clermont-Ferrand.


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Mille formes : historique et genèse

Sarah Mattera, directrice de Mille formes depuis 2019, retrace l’historique de ce centre d’art à l’attention des tout-petits et de leurs accompagnants. L’objectif de ce lieu est d’immerger les enfants dans des formes de création multiples. Il a été initié sous l’impulsion du maire de Clermont-Ferrand, Olivier Bianchi, qui souhaitait mettre en place un lieu de création dédié aux tout-petits et leurs parents, « un lieu d’immersion familiale ». Forte de cette idée, la mairie s’est adressée au Centre Georges Pompidou, reconnu pour son expertise dans le domaine des tout-petits, pour bénéficier de formations en la matière. Finalement, le projet est devenu un partenariat à part entière entre la ville de Clermont-Ferrand et le Centre Pompidou, qui ont travaillé ensemble à sa conception et à sa programmation.

La municipalité ayant souhaité que tous les acteurs de la culture à Clermont-Ferrand puissent s’approprier ce projet et participer à sa concrétisation, plusieurs phases de préfiguration ont été menées. La première s’est tenue en 2018, dans l’espace Camille Claudel, où a été expérimentée une collaboration entre le Centre Pompidou et différents acteurs culturels de la ville: l’école de cirque, des artistes, des designers et le Festival du court métrage.
 

L’implication du collectif Sauve qui peut le court-métrage

Favoriser la découverte de l’image animée en impliquant le collectif Sauve qui peut le court-métrage a été un enjeu pour Mille formes dès le début. Bertrand Rouchit, coordinateur jeunes publics au sein du collectif Sauve qui peut le court-métrage, rappelle l’importance du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand, qui depuis ses débuts il y a 45 ans place au cœur de son action les questions d’éducation à l’image. Lorsque l’équipe du Centre Pompidou est arrivée à Clermont pour coordonner le projet de mille formes, les membres de Sauve qui peut le court-métrage ont été surpris et un peu méfiants. Mais le fait est qu’ils n’avaient jamais eu l’occasion d’imaginer des ateliers conçus à destination des tout-petits. Cette collaboration imposée a finalement été bénéfique car elle les a amenés à s’interroger sur leur pratique.

La première phase de préfiguration leur a permis, par exemple, de tester un atelier de bruitage, le son étant apparu comme un bon moyen de questionner l’image pour les tout-petits. Elle a eu pour effet de susciter de l’attente chez les habitants. Lors du Festival, les questions curieuses des familles sur le futur mille formes ont incité l’équipe à imaginer de nouvelles propositions. De nombreux ateliers ont ainsi été expérimentés en 2019 : ombres chinoises, flip books, thaumatropes, confituroscopes… Une expérience joyeuse mais quelque peu désordonnée, que l’expertise de Sarah Mattera est par la suite venue cadrer efficacement.
 

Le lieu

Mille formes a été construit dans une ancienne boutique de vêtements de 700 m2 située dans le centre-ville de Clermont-Ferrand. Le lieu a pu être modelé de sorte à créer un environnement propice à la découverte de l’art, avec des espaces ouverts les uns sur les autres, favorisant la fluidité des mouvements. Son identité graphique a été imaginée par l’artiste Paul Cox, marquée par la présence de la couleur rouge et par un travail sur la multiplicité des formes. La designeuse Laure Jaffuel s’est associée à lui pour concevoir le mobilier.

Le lieu comporte une galerie où sont présentées les expositions interactives, un atelier dédié à des propositions autour de techniques artistiques, un café accueillant les visiteurs et parfois des ateliers de design culinaires, une agora modulable dotée d’une petite scène qui accueille toutes sortes de rendez-vous, un espace spécialement conçu pour les ateliers à destination des tout-petits de 0 à 24 mois, et un petit espace de projection, l’espace des Premières séances.

Tous les dispositifs présentés à mille formes sont pensés par des artistes. Loin de s’imposer aux visiteurs, ils sont fondés sur l’interaction et demandent à être expérimentés. Les différents espaces de mille formes s’en font l’écho.

L’entrée est gratuite. Les règles de vie sont affichées à l’entrée de ce lieu où l’accueil fait l’objet d’une attention toute particulière. Une équipe composée de huit médiatrices et deux personnes toujours présentes à l’entrée endosse ce rôle : elle fait le lien avec les œuvres, sans abondance de discours mais en mettant les visiteurs à l’aise. Un travail est fait sur la posture, sur la manière de mettre en présence, de poser sa voix devant les enfants. L’espace café permet de recueillir les impressions des accompagnants, sachant qu’à mille formes il est aussi possible de ne pas participer, de se contenter d’observer, ou même de dormir.

Situé dans le centre-ville, le lieu touche d’abord la population clermontoise environnante. Des actions hors les murs permettent d’atteindre d’autres publics, en collaboration avec des associations et des festivals implantés dans la région. Les jeudi et vendredi sont consacrés aux visites du public scolaire et de la petite enfance (RAM, crèches).
 

L’espace dédié à la découverte de l’image animée

Dans l’espace des Premières séances est proposée une programmation issue du Festival du court métrage et d’une web série créée par le Centre Pompidou, Mon petit œil, collection de films faits par des artistes à l’attention des tout-petits : des films très brefs de 1 à 2 minutes, destinés à créer des moments de partage parents-enfants. Dans sa forme originale, cette collection est diffusée sur tablette sous forme de 4 épisodes successifs (environ 11 minutes de programmation).

L’espace de projection a été conçu pour favoriser la liberté de mouvement des enfants. Lors du Festival, pendant les séances, l’équipe de Sauve qui peut le court-métrage encourage toujours le jeune public à bouger et à s’exprimer librement entre les films. Il s’agit de retrouver cet esprit à mille formes, pour que les enfants puissent vivre les films et les quittent avec une émotion, qu’elle soit liée aux images, au jeu, ou à un câlin fait avec les parents pendant la projection.

Les écrans sont présents dans l’espace de mille formes, mais ils ne sont allumés que ponctuellement. Ils font partie de la médiation, relayant le travail des artistes, proposant des activités créatives accompagnées par les adultes. Ils ne sont pas conçus comme des espaces de visionnage, mais comme des outils de partage.

Deux films de la série Mon petit œil sont projetés : Ça ne tient pas debout, réalisé par Elisa Gehin, et un film portant sur les quatre éléments réalisé par Fanny Dreyer. Ce dernier a donné lieu à un atelier qui conduit le tout-petit à s’immerger dans l’imaginaire à partir d’éléments techniques donnés par l’artiste. Une manière de créer une petite bulle autour de l’expérience de la projection.
 

Les ateliers

En collaboration avec Sauve qui peut le court-métrage, l’équipe de mille formes a travaillé sur diverses propositions d’ateliers qui investissent tous les espaces du lieu. Beaucoup ont été testées en préfiguration. L’utilisation des écrans étant problématique, la solution adoptée est la projection, présente dans les ateliers de lightpainting, bruitage, confituroscope, théâtre d’ombres colorées. Les tablettes sont utilisées pour un atelier bien spécifique autour de l’animation en stop motion à partir de formes simples. Les enfants doivent s’approprier ces ateliers, dans un esprit d’initiation et de partage.

Dans le cadre de ces ateliers, l’équipe fait venir des artistes intervenants. Ces artistes sont des habitués du Festival du court métrage et doivent, eux aussi, s’adapter à l’âge des tout-petits. Par exemple, NikodiO (Nicolas Diologent), réalisateur de films d’animation, travaille avec la technique du phonotrope, qu’il a su adapter aux tout-petits. Le fait que le public des tout-petits change rapidement invite à approfondir les ateliers d’année en année, ce qui est tout aussi intéressant que de les renouveler.


 

L’atelier Sable (é)mouvant conçu par Chaïtane Conversat

L’atelier Sable (é)mouvant est une coproduction. L’équipe de mille formes souhaitait proposer à un.e artiste de concevoir un atelier à l’attention de groupes d’enfants de 2 ans autour de l’image animée, pouvant être mobile et avoir un prolongement dans le quotidien des enfants ou des familles. La technique du sable animé est une technique d’animation complexe, mais qui offre cette possibilité d’appropriation. Le cinéma d’animation étant très présent en Auvergne-Rhône-Alpes (avec le festival d’Annecy, le studio Folimage), l’équipe a pu contacter la réalisatrice Chaïtane Conversat, habituée à faire des ateliers avec des adolescents, des handicapés et des personnes âgées. Au fil des discussions, Chaïtane Conversat a proposé l’idée de tables intégrant des tablettes lumineuses, pouvant être transportées, réglées à hauteur d’enfants et utilisées par des groupes indépendants les uns des autres.

Cet atelier itinérant repose sur une utilisation active des écrans. Il fonctionne avec une application gratuite que les parents peuvent télécharger et utiliser chez eux de manière autonome. Il permet de découvrir qu’à partir d’un élément très simple, le sable, il est possible de créer à l’infini et de reproduire ce principe avec d’autres matériaux. Cet atelier a suscité un grand engouement. La beauté matérielle des grandes tables avec tablettes lumineuses intégrées participe à sa réussite.

Projection du film La petite pousse, de Chaïtane Conversat

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