LE NUMÉRIQUE DANS LA PRATIQUE DES ÉDUCATEURS ET DES FAMILLES


> La Ciné-bulle
> L'atelier Appli'quons-nous ! de la Gaîté Lyrique
> Le site Benshi 


LA CINÉ-bulle

Françoise Anger, artiste plasticienne/psychomotricienne, et Thierry Dilger, artiste designer sonore, de l’association Mixage fou.

La Ciné-bulle est un atelier d’exploration sonore et interactive en salle de cinéma. L’objectif est de faire revivre un film de court métrage aux enfants, de façon ludique, interactive et pédagogique, grâce à la manipulation d’un ballon géant.

Cinémas 93, qui a passé commande auprès de Mixage fou, et les concepteurs du dispositif se sont demandé comment animer des séances autrement que par le débat (même s’il conserve sa pertinence) et comment croiser le cinéma avec d’autres supports.

Le cahier des charges imposait de créer une animation de 15 minutes en salle de cinéma pour trois classes d’enfants de 3 à 6 ans en proposant une expérience interactive son et image. Il s’agissait aussi de former les professionnels à l’installation et à l’animation de l’atelier.

La Ciné-bulle a été plus précisément conçu pour les enfants de 3 à 6 ans à partir du film Fear of flying, Peur de voler de Connor Finnegan. Dougal, le personnage principal, est un petit oiseau qui a peur de voler. Chaque hiver, il tente d’éviter la traditionnelle migration vers le sud plutôt que d’affronter sa peur. Et si cette année, il faisait un effort ?

Après le visionnage du film, différents tableaux sont projetés sur l’écran, rappelant l’univers d’un jeu vidéo simple. Une grosse bulle transparente circule parmi les spectateurs. Elle permet de faire faire deux mouvements possibles au personnage de Dougal qui apparaît sur l’écran. Les enfants, en manipulant la bulle, vont participer à vaincre la peur de voler de l’oiseau et feront par la même occasion une exploration sonore du film en déclenchant des sons. Pour cela, ils peuvent tapoter la bulle, la faire passer de mains en mains et la lancer. La bulle fonctionne avec un capteur sur batterie et est dotée d’un accéléromètre qui lui permet d’interagir avec les images.

 Voir la vidéo de présentation du dispositif

Techniquement, ce dispositif est une application utilisée comme un jeu. Dans cette application, peu de choses appartiennent au film à part le personnage et quelques éléments-clé. Les créateurs de l’animation ont tenté de faire éclater l’écran en utilisant un fond noir qui élimine tout cadre visible. Les personnages sont colorés et centrés (ils changent de couleur quand on tapote la bulle) et de la profondeur a été donnée à travers un jeu sur les plans.

L’atelier peut être conduit de plusieurs façons :

1) En reprenant le découpage du film.
2) En fermant les yeux et en se concentrant sur la partie sonore. Quand on tapote sur le ballon, cela déclenche des sons et des fragments sonores qui créent des atmosphères.

La Ciné-bulle a été proposée dans le cadre de Ma première séance, dispositif d’éducation à l’image destiné aux classes maternelles de la Seine-Saint-Denis. Pour les plus grands, on pourrait imaginer d’augmenter l’interaction en développant des moments plus synchrones (par exemple faire monter le personnage sur l’avion au bon moment) et des modes combinatoires avec deux ballons en salle pour créer un dialogue entre deux avatars. Les créateurs aimeraient également l’ouvrir au 5.1 pour produire une vraie relation avec la position du ballon dans la salle.

  • En savoir + :

Mixage fou 

 

 

l'atelier APPLI'QUONS-NOUS ! de la gaîté lyrique

Laura Cattabianchi et Élise Schweisguth, responsables du centre de ressources de la Gaîté Lyrique,

Appli'quons-nous ! est un atelier destiné aux enfants à partir de 5 ans, dans le cadre de la programmation jeune public de la Gaîté Lyrique, Capitaine Futur. Les applications présentées permettent d'explorer les images et leur fabrication.

La Gaîté lyrique est un lieu dédié aux cultures numériques et aux pratiques contemporaines où le numérique est envisagé comme un outil de création. Sa programmation se situe au croisement des arts et des nouvelles technologies, avec davantage de spectacles vivants depuis le récent changement de direction à l’été 2016.

Capitaine futur propose des spectacles, des conférences, des ateliers pour le jeune public parmi lesquels les ateliers Appli'quons-nous ! dont le principe directeur est un retour au concret, au physique, au faire. Ils ont lieu au sein du Centre de ressources de la Gaîté Lyrique qui comporte un « espace enfants » où les jeunes spectateurs ont accès à un « espace de jeux vidéo » avec des prototypes et des créations indépendantes, ainsi qu’à toutes sortes de ressources physiques ou numériques sélectionnées en lien avec la programmation. En particulier, un « espace App’lab », équipé de sept tablettes, permet d’expérimenter une sélection d’applications faisant elles aussi écho à la programmation en cours. Cet espace accueille des ateliers pour les groupes, mais reste ouvert aux familles le mercredi et le week-end pour une pratique individuelle.

Laura Cattabianchi et Élise Schweisguth, responsables de ce centre de ressources, pratiquent une veille sur les applications conçues pour les enfants afin d’en faire une sélection et dont certaines feront l’objet d’une exploration en atelier. Le choix des applications proposées au public se fait selon :

  • des critères techniques (les applications doivent être accessibles sur IPad),
  • des critères artistiques (qualité du graphisme, du son, de l’ergonomie).

 

Les deux documentalistes souhaitent mettre l’accent sur un usage créatif des tablettes, qui autorise toutes sortes de croisements avec d’autres ressources tels que les livres ou les web-documentaires. Un des enjeux majeurs est de montrer que, derrière les applications, il y a des personnes, des métiers et des compétences. Certains ateliers ont ainsi été imaginés en collaboration avec des artistes, comme la plasticienne Chloé Mazlo qui a réalisé deux applications pour papiers découpés pour la Gaîté Lyrique.

Dans le cadre des ateliers Appli'quons-nous !, plusieurs applications ont permis d’explorer des questions de cinéma, quand bien même ces applications n’étaient pas toujours en tant que telles « sur le cinéma ». 

 

Présentation de deux applications en lien avec des questions de cinéma :

L’Atelier MacLarren est une application créée par l’ONF (Office national du film du Canada) en 2013, centrée sur deux pratiques utilisées par le cinéaste : le papier découpé et le grattage sur pellicule. Les utilisateurs peuvent découvrir l’œuvre et l’univers du cinéaste et créer des films avec le même vocabulaire. Cette application est déjà conçue comme un outil pédagogique mais il manquait, aux yeux de Laura Cattabianchi et Élise Schweisguth, un retour au concret de la matière. Elles ont donc, dans le cadre de l’atelier qu’elles ont conçu, couplé la découverte de l’application à un temps d’expérimentation pratique et plastique autour du grattage et du papier découpé.

 

 

 

L’Atelier sur le trompe-l’œil, créé cette année, permet aux enfants de découvrir le trompe-l’œil à travers le travelling et le zoom. Dans un premier temps, des questions très concrètes leur sont posées, qu’ils doivent résoudre avec un matériel rudimentaire :

 

 

 

  • Comment voir les choses de plus près ?
  • Comment voir de plus près avec une caméra ?
  • Comment rester fluide dans le mouvement ?

 

Ce premier temps d’expérimentation du travelling et du zoom (à l’aide d’une chaise à roulette comme rail de travelling et d’une tablette en guise de caméra) sert d’approche pour l’application Spot conçue par l’auteur et illustrateur américain David Wiesner. Celle-ci est construite sur le principe d’un zoom à l’infini qui permet d’entrer dans des mondes de plus en plus « petits » mais toujours nouveaux, représentatifs de l’univers visuel de l’auteur. Spot est une application qui nécessite que l’on accompagne l’enfant dans le récit qu’il se fait de ces mondes ; il ne s’agit pas d’une application sur le cinéma à proprement parler, mais elle permet d’appréhender les mouvements de caméra.

  • En savoir + :

La Gaïté Lyrique 

 

 

LE SITE BENSHI

Florian Deleporte, programmateur du Studio des Ursulines à Paris

Benshi est un site internet de recommandations de films de qualité adaptés aux enfants de 2 à 11 ans, qui s'adresse aux parents et aux enfants curieux de cinéma.

Ce projet est né d’un constat fait par Florian Deleporte, programmateur du Studio des Ursulines à Paris (une salle mono-écran de 122 places spécialisée dans le cinéma art et essai à destination des jeunes publics depuis 2003) : les adultes, en particulier les parents, sont souvent assez réticents à montrer des films art et essai à leurs enfants. Entre 2007 et 2012, la salle du Studio des Ursulines fonctionnait plutôt bien mais, en 2013, une baisse de fréquentation s’est fait sentir. Pour Florian Deleporte, cela correspond peu ou prou au moment où une nouvelle génération de parents trentenaires a commencé à avoir des enfants en âge de découvrir leurs premiers films en salle. Or ces jeunes adultes appartiennent à une génération qui n’a connu que les multiplexes, ne fréquente pas les salles art et essai et n’a pas de sensibilité particulière à l’égard des films qui y sont projetés.

L’équipe du Studio des Ursulines a donc réfléchi à proposer un site à contre-courant : Benshi. Il ne s’agit pas d’un site participatif, mais d’un site de prescription à destination des parents et des enfants. Il comporte une base de données de quatre-cents films recommandés pour le jeune public et trois-cents fiches sont en ligne. Le site ne recense que les films trouvables en salle, ou à défaut disponibles en vidéo.

Les films proposés sont regroupés par âges et par thématiques et un important travail de graphisme a été effectué pour rendre l’interface attrayante. La page d’accueil présente l'actualité du cinéma pour les jeunes publics : les festivals, les sorties à venir, les expositions, etc. On peut, en créant un compte, accéder à un espace personnalisé (un compte permet de créer plusieurs sous-comptes pour les enfants d’une même famille qui, à partir de sept-huit ans, peuvent s’emparer eux-mêmes du site). Chacun peut donc retrouver les films qu'il a déjà vus, les films qu'il a envie de voir et ceux que lui recommande Benshi, de même que les parcours de films déjà réalisés et ceux en cours. Des recommandations par âge, par catégories ou par mots-clefs sont proposées.

Un réseau de salles partenaires est en cours de création. A terme, Benshi pourrait indiquer aux salles partenaires s’il existe une forte demande de la part des utilisateurs pour un film précis. Les publics de proximité pourraient alors être alertés quand le film sera programmé près de chez eux.

Benshi est subventionné par le DRAC et la Mairie de Paris. Il fonctionne actuellement sans publicité mais des partenariats avec des distributeurs ont été noués. Les premiers relais de communication sont les salles de cinéma et la Cinémathèque française. Benshi n’est pas et ne tient pas à devenir un outil d’éducation à l’image à destination des enseignants. Nanouk, le site partenaire d’École et cinéma, reste la référence en la matière. Benshi en est le pendant familial.

  • En savoir + :

Benshi

 


LIRE LA RESTITUTION DU JEUDI 17 NOVEMBRE :

SPECTATEURS, PASSEURS ET ACTEURS : LES ADOS AU CINÉMA